Pro (de) positions indécentes
Dans le grand programme de reprise en main générale, il y avait déjà l'abandon définitif de tout aliment ne se cuisant pas à la vapeur et des ascenseurs et monte-charges, l'auto-motivation devant la petite jupe en soie taille XS qui me faisait le plus joli cul de la terre l'année dernière et dans laquelle je suis à peine capable de rentrer une cuisse cette année, mais ce n'était pas suffisant. Force m'a été d'inclure un peu d'exercice physique. Pour ceux qui me connaissent, voilà encore une bonne occasion de se gondoler derrière leur écran, Milousette profites-en bien dans 3 jours je t'ai sous la main pour te faire ravaler ton impudence. C'est un fait, je hais le sport. Et les sportifs à l'occasion, ça, c'est une autre histoire.
Mais là, ça devenait urgent. Les épaules potelées peuvent être considérées comme un atout de charme jusqu'à l'âge limite de 4 ans ; au mien, c'est prendre le risque d'être prise pour Sophie Favier en phase boulimique. Et ça, je ne peux pas me le permettre.
Je me suis donc laissée entraîner vendredi soir par Edwige, grande adepte des pratiques orientales, dans un cours de yoga pilate, qui devait m'ouvrir les portes, en plus de celles du zen intégral façon Gandhi en promenade au bord du Gange, de la fibre musculaire longue. A moi donc les jambes de Cyd Charisse. Quoi ? Oui, bon, Estelle Hallyday, si vous voulez, on a les références qu'on peut.
Edwige a estimé que mes 15 années de danse classique me permettraient de suivre une classe "avancée". Quand j'ai vu mes congénères à l'échauffement, j'ai été prise d'un doute, subitement. Pas seulement dû au fait qu'elles étaient toutes gaulées comme des trous de nouilles et qu'elles me dépassaient de 20 bons centimètres.
Puis, le maître yogi est entré. Non, pas maître Yoda, andouille. Le maître Yogi, c'est le grand Master of Ceremony de la classe de yoga. Et celui-là n'avait rien de la crotte de nez aux grandes oreilles sus-nommée : quand il est entré, j'ai béni le ciel que les femmes ne puissent pas avoir d'érection. Bon, en revanche, c'est sur, j'ai bavé abondamment sur mon tapis de prière de sol.
Et là, c'était la fin de la partie agréable, parce que je ne sais pas ce qui lui a pris, au type, mais il a viré tortionnaire de prison chilienne, tout à coup, j'en suis pas revenue. "Premier exercice", qu'il a braillé ; toutes les minettes se sont mises en position foetale, comme un seul homme. Moi, évidemment, j'avais encore la bouche ouverte et les sourcils au ras de la frange, qu'elles entamaient toutes la deuxième position : une espèce de tentative de se plier en trois en faisant toucher ses genoux au sol par-dessus les épaules.
J'ai suivi tant bien que mal, toujours avec un léger (trois positions) temps de retard. A chaque fois qu'il en avait l'occasion, le colonel Tapioca venait gentiment m'appuyer de toutes ses forces sur tout ce qui dépassait. j'ai mis mes doigts de pieds dans l'oreille du côté opposé ; j'ai réussi à faire plier mon bras vers le bas ; j'ai fait tourner ma tête à 180° dans le sens inverse des aiguilles de la montre d'un dyslexique ; j'aurais pu me lécher le coude, même, si l'autre kapo ne m'avait pas rappelée à l'ordre, comme quoi on n'était pas chez Bertillon, ici.
Bref, au bout de 2h30 de ce régime (totalitaire), on a enfin eu l'autorisation d'aller boire un verre d'eau et de remettre nos vêtements. Ça m'a pris 25 minutes pour enfiler mes chaussettes, tellement j'avais mal absolument partout.
Et bien vous me croirez si vous voulez, mais ce fut pire le lendemain (hier, donc, je précise parce que je sens que vous faiblissez, là). Et aujourd'hui, je me suis traînée à quatre pattes toute la journée et je pense que je ne vais pas tarder à succomber. Sans nouvelles de moi dans les quarante huit heures, soyez gentils de prévenir les secours : c'est que je suis restée collée au carrelage.
Des bises
Maïe-aïe-aïe-rie