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Something about Marie
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19 juin 2005

Tatie Danielle ? Pfff, petite joueuse !

Quand j'étais petite fille, je piquais des groseilles à maquereaux dans le jardin du voisin. Ces petites boules vertes, je tremblais avant de les mettre sur ma langue ; je les prévoyais terribles et elle se révélaient chaque fois pires. Leur acidité me faisaient monter les larmes et me tordaient immanquablement l'estomac. Et pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher d'en manger.
J'ai encore fait le coup des groseilles, aujourd'hui...
Quand ma grand-mère a appelé pour que je l'emmène en courses, je savais que j'allais vivre un après-midi d'enfer. Mais j'ai dit oui quand même.
Le temps d'aller la chercher, vers 14 heures, Le Nath et moi avions déjà à moitié cuit dans la voiture. J'ai sonné à l'interphone ; elle a répondu qu'elle descendait. Ce qu'elle a fait 15 minutes plus tard. Suffisamment pour que mon fils prenne une jolie teinte cramoisie et que ma langue double de volume. Le thermomètre extérieur marquait 37°. A peine descendue, elle est remontée chercher ses lunettes de soleil, oubliées sur le meuble de l'entrée et n'est redescendue que 10 minutes plus tard. Capital patience un peu entamé...
En chemin vers le centre-ville, elle s'est montrée volubile. Tout y est passé : mon nez percé, les cheveux trop longs de mon fils, la poussière sur le tableau de bord, l'imperceptible petit bouton sur mon front, mon divorce... 20 minutes de diarrhée verbale discontinue. Capital patience réduit de moitié...
Comme toute la population nord Seine-et-Marnaise s'était donné rendez-vous là, il a fallu tourner un moment avant de trouver une place de parking. Elle a décidé qu'elle descendrait de voiture pour m'aider à faire ma manoeuvre. Moi qui suis la reine incontestée du créneau, de la voir gesticuler comme un agent de piste au milieu de la chaussée et manquer d'éborgner trois passants, ça m'a complétement déconcentrée et j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois. Elle a commenté le fait que mes pneus avaient frotté contre le trottoir pendant 10 minutes. Capital patience pompé au trois quarts...
Elle s'est mis en tête d'acheter des chaussures à mon fils. mais comme elle ne trouvait pas exactement ce qu'elle voulait, il fallu se farcir tous les magasins de la rue piétonne et faire essayer au pauvre Nath une bonne centaine de paires différentes. Et toute plus affreuses les unes que les autres. Elle a trouvé que finalement, la première paire du premier magasin valait le coup qu'on fasse tout le chemin en sens inverse. Le pauvre gamin a dû dire merci mémé, qu'elles sont jolies mes nouvelles sandales de touriste allemand
marron caca d'oie. Capital patience quasi épuisé...
En chemin vers le supermarché, on a rencontré 3 de ses connaissances. A raison de 20 minutes de conversation (et on n'a plus de saison, et ils nous détraquent le temps avec leur nucléaire, et tous ces étrangers qui mangent notre pain, et de notre temps c'était tellement mieux...) avec chacune sous un cagnard de plomb, le Nath a eu le temps de se liquéfier sous sa casquette et moi, de me laisser submerger par mes envies de meurtres. Capital patience dans le rouge - danger...
Au supermarché, elle a commenté la qualité et le prix de chacun des produits qu'elle entassait dans son chariot. Puis, elle a engueulé le commis aux légumes comme du poisson pourri, parce qu'il essayait soi-disant de lui refiler des tomates blettes. J'ai bien cru qu'il allait lui envoyer une mandale, mais le voir se contenir m'a redonné du courage. A la caisse, elle m'a envoyée lui chercher du beurre, puis du sopalin, puis du vinaigre, puis reposer le beurre. Emprunt sur 10 ans pour renflouer le capital patience...
J'ai dû me fader les 12 sacs de courses à porter jusqu'à la voiture, toujours sous une chaleur écrasante. J'en garde des bras un peu plus longs qu'avant et des crampes dans les épaules. Quand elle a fait mine de s'arrêter pour regarder les vitrines, j'ai continué à marcher en serrant les dents et je me suis fait traiter d'ingrate ; elle qui venait de se fendre d'une splendide paire de chaussures pour mon fils, je pouvais quand même faire preuve d'un peu de reconnaissance ! Là, c'est le mot "machette", qui m'est venue en premier à l'esprit. Patience ? Qu'est-ce que ça veut dire, patience ?
Sur le chemin du retour, elle avait sa bouche toute pincée et elle n'a rien dit du tout. J'ai fait quelques exercices de zen et tenté de me raisonner. Après tout, elle est vieille et seule. Elle nous aime mais ne sait pas comment le montrer. Elle a vécu des choses terribles qui ont dû l'endurcir...
J'ai remonté ses 25 kilos de courses au troisième étage (sans ascenseur) et l'ai aidée à tout ranger dans les placards. Quand il a été l'heure de partir, elle m'a dit : "Tout de même, je ne te demande pas grand-chose, m'emmener faire les commissions une fois de temps en temps. Tu pourrais le faire avec moins de mauvaise grâce !"

Je vous remercie tous de vos nombreuses suggestions pour m'aider à retrouver le sommeil, mais je crois que mémé viens de vous coiffer au poteau. Une journée de magasinage avec elle et je me sens prête à dormir pendant 24 heures d'affilée.

Des bises

Marie

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Commentaires
I
Non mais c'est pas bientôt fini tous les deux ? Attention au seau d'eau froide !
M
Reste ne dessous de moi, Zacki... hé hé...
Z
T'en fais pas Milousette, je suis là maintenant, juste ne dessous de toi....héhé.....
M
Ah, Zacki ! <br /> T'étais où ?
Z
Elle a raison mamie, tu pourrais le faire avec moins de mauvaise graisse.
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