Ballade irlandaise
Viens, on ouvrirait la capote de la voiture et on taillerait la route.
Viens, l'air serait chargé du parfum de la terre humide et on n'aurait pas assez de nos bras pour embrasser le vent.
Viens, ton bras autour de mon cou et ma tête sur ton épaule, on regarderait défiler les chemins pierreux.
Viens, on ne dirait rien, on ne ferait qu'écouter la musique qui prélude aux vacances.
Viens, on oublierait les téléphones, on y serait pour personne.
Viens, on avalerait les kilomètres et on laisserait derrière le laid et le sale.
Viens, quand on aurait faim et soif, on s'installerait dans l'herbe pour y tendre la grande nappe à carreaux rouge et blanche ; on y s'y gaverait de fruits, de vin rosé et de baisers.
Viens, je mettrais mes pieds sur le tableau de bord et je me laisserais bercer par les lacets de la route.
Viens, on tremblerait chaque fois qu'au détour d'un virage, on croiserait un camion de bétail, sur le chemin étroit qui mène au village.
Viens tu chanterais à tue-tête par dessus l'autoradio et ça me ferait râler.
Viens, on jouerait à "le dernier qui voit la mer offre la première pinte" et je te laisserais encore gagner.
Viens, on arriverait au crépuscule et la maison surgirait de derrière une colline, comme à chaque fois, quand on croit qu'on s'est perdus et qu'on s'apprête à faire demi-tour.
Viens, la clé aurait du mal à tourner dans la vieille serrure et la porte ferait un boucan du diable, réveillant le vieux chien.
Viens, tu ferais un feu dans la cheminée pendant que je tends le lit de rudes draps de flanelle blanche.
Viens, on écouterait les bruits de la nuit, la mer qui lèche le mur du jardin, le grand-duc qui se plaint à la lune et les brindilles humides qui crépitent dans l'âtre.
Viens, on serait bien, allez, viens.
Des bises
Marie