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Something about Marie
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30 mars 2005

Un jour mon Prince crevera

Il voulait acheter une maison. Vous comprenez, tous ses freres et soeurs (6 au total, dans l'ordre decroissant du nombre de neurones distribues a la naissance. Lui ? Avant-dernier!) etaient deja proprietaires et il se vivait mal dans la peau du rate de la famille.
Sauf que nous etions fauches comme les bles. Plus que ca, c'etait l'armee du salut ; des dettes partout et pas un sou vaillant. Nous avons donc fait le tour des ruines environnantes. J'ai oppose un refus ferme et categorique pour un certain nombre d'entre elles. Un jour, il m'a meme fait visiter 4 murs, pas de toit et de la terre battue au sol, en me demandant d'imaginer tout ce qu'on pourrait faire la-dedans.
Alors, quand le cloaque de P. s'est presente, il etait tellement enthousiaste, que je n'ai pas ose dire non. C'etait une baraque ignoble dans un village glauque. Ca suintait l'humidite sur tous les murs ; le plancher etait tellement pourri, que si on se mettait chacun a un bout d'une piece, on pouvait jouer a la balancoire. Le tout au bord d'une route nationale frequentee jour et nuit par tous les betteraviers de la region. Mais bon...
Promesse de vente signee, credit contracte sur 20 ans, nous sommes alles feter ca au McDo (si, si). Pendant le repas, j'emis reserve quelques reserves a son excitation : il avait deux enfants d'un premier lit (et laissez-moi vous dire que les draps n'en avaient pas ete changes depuis un moment), nous n'etions pas maries, nos 15 ans de difference d'age et son tabagisme forcene le placaient dans la position peu enviable de premier sur la liste de la grande faucheuse. Bref... pas legalement protegee, je ne me sentais pas particulierement a l'aise de mettre mon nom a cote du sien sur l'acte notarie.
"Bah, on n'a qu'a se marier" dit-il. Aah, romantisme quand tu nous tiens...
Nous etions au mois de novembre ; date fut prise pour le 31 mai suivant. J'avais 24 ans. Point de genou a terre, point de gant beurre frais, et je me suis asssise sur une bague de fiancailles assez pointue. J'ai fait ma robe moi-meme ; elle m'a coutee 300 francs de tissu. Ma grand-mere s'est fendue d'une couronne de renoncules (!) a mettre dans mes cheveux.
J'ai du le menacer de suicide au gaz pour qu'il opte pour un costume plus sobre que le trois pieces beige en polyester sur lequel il avait jete son devolu.
Pendant cinq mois, nous nous sommes litteralement entretues pour toutes les raisons possibles et imaginables. Pas question de se marier un samedi pour cause de Shabat. Impensable, la ceremonie oecumenique ou la benediction unilaterale a l'eglise du village, sans risquer l'auto-mutilation de ma future (ex) belle-mere. Index peremptoirement visse sur la tempe a la simple evocation de commettre ca entre deux temoins : toute sa famille (32 oncles et tantes, 150 cousins, 29 000 neveux et nieces) en ferait une maladie. Contagieuse.
Trois semaine avant la date prevue, sa mere, qui se chargeait de la reception (!) s'est foule la cheville. Il a fallu reporter d'un mois.
Le 26 mai, mon grand-pere mourrait d'un arret cardiaque. Je me demande encore si les choses auraient ete differentes en maintenant la date initiale. Il aurait ete chez nous ; j'aurait peut-etre pu le ranimer ; les pompiers n'auraient peut-etre pas mis 25 minutes a arriver... Malgre tout, il a insiste pour ne rien annuler. Nous nous sommes maries le 28 juin 1998. Un dimanche.
Ma famille, en grand deuil, tire une tronche de trois pieds de long sur les photos. Meme moi j'ai l'air d'avoir envie d'etre ailleurs.
La reception a eu lieu dans une salle miteuse porte de Pantin.
De mon cote, 9 personnes. Du sien, 179. Je revois mes parents, guindes a leur table et la tete de ma grand mere dans son tailleur en crepe noire, quand, a notre arrivee dans la piece, il se sont tous mis debout sur leur chaise, agitant leurs serviettes de table, et les femmes criant les you-yous. Une veritable experience ethnologique.
Il a fallu embrasser le 179 invites (y compris Tata Esther, 100 ans, venue specialement d'Israel, avec sa moustache ebene et ses rouleaux de feuilles de menthe dans les narines. C'est pas pure amitie que je ne mentionne pas Tonton Leon, me postillonant sa joie a grands coup de saumon fume) et remercier pour les enveloppes pleines de billets qu'on me glissait dans le decollete. A la fin de la soiree ma toute nouvelle belle-mere les a recuperees pour payer le traiteur. Operation blanche en quelque sorte.

Moi, j'etais tres amoureuse. Je le trouvais beau et intelligent. Bien sur, il n'etait ni tres tendre, ni tres gentil, mais il aurait pu me faire marcher sur mes moignons s'il avait voulu. J'ai traverse toutes ces annees en le regardant beatement, croyant fermement que nous aurions nos jours meilleurs. Il ne sont pas venus et il m'a trompee.

Des bises,

Marie 

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Commentaires
A
Alors <br /> 1) t'as dit que tu revenais que le 4 avril. Vilaine petite menteuse.<br /> 2) Je vois que tu connais déjà ma famille. En revanche, je n'ai pas la chance de posséder un taudis.<br /> 3) Tous les hommes sont des connards sauf ma mère.
Z
Que les ex crèvent dans leur pus au bout d'une longue et très douloureuse maladie....
A
Moi je trouve ça dommage de divorcer juste pour une histoire de je sais pas quoi.<br /> La solidarité masculine s'exerce, désolé Marie...<br /> Et la solidarité masculine, c'est plus fort que les différences de religions, de couleur, de race, et même de sexe, tu comprends ?
I
Bravo, j'aurais aimé avoir autant de talent que toi pour raconter mon propre mariage qui, comme le tien, s'est soldé par un divorce...
A
Hey ça me donne envie de me marier tiens.<br /> Et le mariage, vous l'avez fêté à Quick ?<br /> Avec la magic box pour les enfants ?
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