Deo Grati(a)s
Dimanche matin, messe des Rameaux. J’ai décidé d’abandonner ma petite église et mon gentil curé de campagne pour la grande Cathédrale de M. Me voilà donc, pimpante et regrettant à peine la douce chaleur de ma grasse matinée dominicale, assise entre un vieux monsieur digne et une dame extrêmement pomponnée. Cette dernière a les ongles et la figure peints avec soins. Le soleil de ce premier jour de printemps l’a poussée à sortir ses jolis escarpins vernis et elle arbore fièrement sa panoplie complète de femme du grand monde. Son Eminence, le tout petit Evêque de notre bonne ville de M., nous invite à nous lever. Et là, sous le Chanel de la dame, pointe une abominable odeur de soupe à l’oignon. La garce s’est parfumée mais pas lavée. Et si j’en juge à la tenacité de la fragrance, ça ne date pas d’aujourd’hui.
Evidemment, plus question pour moi de ferveur et de communion. Elle pue et ça m’obsède. Pas question non plus de changer de place. Je suis bien enfermée au milieu d’une rangée de pieux fidèles qui ne verront pas d’un bon oeil que je les bouscule pour aller me réfugier là où les effluves de la dame n’offenseront plus mes délicates narines. A chacun de ses mouvements, c’est comme si tout un hospice de vieux s’agitait sous sa chemisette. Je suis au bord de la nausée.
Bien sûr, la culpabilité me tenaille de n’être pas capable de supporter la torture avec plus de courage. Mais chez moi, la charité chrétienne s’arrête aux portes de la salle de bain.
J’ attend donc la fin de l’Eucharistie avec une seule idée en tête : me barrer vite fait bien fait et rentrer pour prendre une autre douche. A la Paix du Christ, je ne peux pas m'en empêcher : je lui tends un petite lingette parfumée à l'eau de cologne.
En arrivant chez moi, punition immanente : j’ai oublié de mettre le chauffe-eau en route hier soir et j’ai le choix entre une douche à l’eau glacée ou les lingettes parfumées. Sauf que des lingettes, j'en ai plus, j'ai donné la dernière à la boule puante. Vraiment, la justice Divine ne perd pas de temps, hein !?
Des bises honteuses et confuses
Marie