Mais la vie...
Je vole à l'un de mes préférés l'habitude de choisir un titre de chanson pour démarrer ce post. C'est juste qu'une nouvelle attaque de ma maladie chronique de la dispersion familiale (au sens large du terme) vient de me frapper en traître. Subitement, la sensation d'être isolée dans cette région qui n'est pas la mienne et de savoir mes aimés si loins devient aigüe et douloureuse.
Alors je ferme encore une fois mes yeux et je les fais venir tous, là, au milieu de mon bureau. Mon papa et ma Camille papotent sous le yucca ; papa fait la leçon, c'est ce qu'il préfère faire dans la vie. En me concentrant très fort, je peux presque sentir son odeur. Son timbre si particulièrement bas fait comme un bruit de fond ; lui répond le rire chantant de ma cousine préférée et ses intonations bien canadiennes. Ma belette est assise en tailleur, son pétard osseux sur la moquette. Elle rit aussi, en petits éclats charmants et ça lui fait tout un tas de petits plis gracieux autour des yeux. Elle a posé sa main blanche sur le transat de ma jolie Madeleine, qui bat des pieds et des mains dans son transat, en s'entraînant aux ultra-sons ; elle tient cette habitude de sa mère, qui vrillait les tympans de la mienne de l'aube au crépuscule. Tout à l'heure on lui chantera des chansons à deux voix. Nanou fait son moulin à blabla. Il passe de l'un à l'autre, tantôt péremptoire, tantôt calin.
Je suis bien, j'ai les miens à mes côtés. Si le manque revient, si ma gorge se serre à nouveau et que mes yeux recommence à piquer, je sais qu'il me suffira de les fermer pour les faire revenir. Je vous aime tous si fort, mais la vie...
Des baisers tendres et mes bras autour de votre cou
Votre Marie